PATRIMOINE

à la découverte du riche patrimoine de Montolieu

De même qu’il conserve la mémoire des métiers du livre et favorise le développement et la mise en valeur du livre ancien, Montolieu est engagé dans la préservation du patrimoine montolivain, atout complémentaire au développement touristique.

Patrimoine protégé :
Eglise Saint-André, monument classé par arrêté du 27.09.1972 pour la totalité de l’édifice.

Monuments inscrits à l’inventaire du Patrimoine (loi de 1913) :
Croix en fer forgé de la place du Pradel par arrêté du 20.09.1948
Manufacture royale (parcelle AB143) par arrêté du 7.12.2004
site inscrit (loi du 2 mai 1930)
Chapelle Saint-Roch et ses abords, superficie 22,4 ha, arrêté du 14 avril 1963

Pont de l’Izoule

Ouvrage du XIe ou XIIe siècle qui permettait de franchir l’Alzeau et jouait donc un rôle essentiel dans les transports. Il est remarquable par ses trois arches, prévues pour résister aux crues, avant la captation, dite de la Prise d’Alzeau, pour l’approvisionnement du réseau du Canal du Midi.

Porte de Saint-Denis

Remaniées au XVe siècle pour l’artillerie, les deux tours encadrant la porte nord du village marquent le départ des anciennes fortifications. Elles ont été mutilées en 1869 pour élargir le passage et permettre la circulation de « véhicule modernes ». Une des meurtrières abrite une croix de carrefour en pierre portant gravées les initiales IHS, monogramme des Jésuites pour « Jésus Sauveur des Hommes ».

Moulin de Lapeyre

On accédait à ce moulin farinier dont on peut encore voir les meules par une calade (chaussée pavée de galets) qui a été conservée, d’où l’on découvre la vue sur l’un des derniers pans des anciens remparts encore pratiquement intact. Une passerelle permettait d’atteindre le sentier muletier qui prend son départ sur l’autre rive.

Pont de Saissac

Construit en remplacement d’un petit pont qui se trouvait en aval et dont on devine encore les piles, cet ouvrage d’art haut de 30 m fut mis en chantier en 1736. Un droit de péage avait été instauré pour rembourser l’emprunt contracté pour sa construction. Géré successivement par le diocèse, la commune et l’Etat, le pont marqua en tout cas la fin l’isolement du village sur son piton rocheux et le passage aux voies de communication modernes.

La Portanelle

Passage en forme de poterne dans la muraille d’enceinte sur la rive droite de la Dure. Cette porte dérobée, d’accès difficile, était utilisée pour le ravitaillement en eau de la cité, et rejoignait un chemin muletier à l’aplomb des murailles de la ville conduisant aux autres moulins, à la ville basse et au chemin de Brousses, village voisin, où fonctionnaient d’autres moulins.

Place de l’Espérou

L’espace public couronnant cet ancien bastion abritant une casemate offre une vue panoramique sur les gorges de la Dure et les jardins en terrasses qui surplombent la rivière, le site de la colline Saint-Roch et, au-delà, la plaine et la chaîne des Pyrénées. Actuellement dérobée à la vue par une végétation abondante, la roche granitique était autrefois dénudée, la population s’approvisionnant en bois de chauffage dans la vallée et cultivant ses jardins suspendus. Le terrain calcaire (tertiaire) se trouve à 200 m à l’est du lit de la Dure. Seize ouvrages hydrauliques, moulins à usages divers transformés en établissements industriels existaient sur la Dure ; les derniers ont cessé leur activité dans la deuxième moitié du XXe siècle.

Presbytère

Cet édifice maintes fois remanié est ce qui subsiste de l’angle sud de l’ancien château de Mallast qui protégeait initialement le bourg (Valseguier) et commandait les deux vallées.  La toiture a été rabaissée et la tour d’angle couverte. Le bâtiment a abrité les appartements du prêtre, avec une chambre réservée à l’évêque et de magnifiques fenêtres et plafonds du XVIIIe siècle. On peut voir au sud, au pied de la tour, un jardin, dit jardin de l’évêque où se trouve aujourd’hui un jardin d’enfants et en contrebas une partie des lices du château.

Manufacture royale

Dès le XVIe siècle, en bordure de la Dure, près du pont du Barry, la famille Ramel installe des ateliers. Par lettres patentes de Louis XV, signées à Versailles le 12 janvier 1734, l’établissement qui s’est développé à partir de ces ateliers est érigé en Manufacture Royale au nom de Louis Pascal. Son activité ne cesse de croître : en 1812, la Manufacture emploie 257 ouvriers qui travaillent sur 135 métiers et produisent annuellement 1830 pièces de drap. Elle occupe la première place parmi les douze manufactures royales de la sénéchaussée, exporte aux Marches du Levant et jusqu’en Chine. Mais la production drapière de l’Aude s’effondre dans la première moitié du XIXe siècle, le blocus des Anglais freine le commerce, le matériel se dégrade, la production s’arrête définitivement en 1818.

« L’usine moderne »

Deux industriels de Carcassonne, François et Prosper Cazaben, rachètent en 1845 à la famille Thoron les terrains et bâtiments annexes jouxtant la Manufacture pour construire une « usine moderne » dotée de métiers mécaniques. A partir de 1887, Paul Cavaillès y fabrique des tissus de laine et du drap pour l’armée, des couvertures pour les hommes et les chevaux. Mais le marché s’essouffle, l’usine décline et ferme. Lors de la Retirada, 400 réfugiés de la Guerre d’Espagne seront hébergés dans ses locaux dans des conditions très précaires, de février à septembre 1939. En 1940, l’usine est reprise par Jean Nizet, industriel belge, engagé dans la Résistance ; elle fonctionnera jusqu’en 1968, produisant des balles de textile et des boutons de tweed. Après une longue période de latence, une transformation en galerie d’antiquaires, puis de bouquinistes, les bâtiments abritent aujourd’hui le bar restaurant L’Apostrophe qui propose des gîtes et chambres d’hôtes dans la maison de maître et un ensemble de galeries d’artisans et d’artistes dans les anciens ateliers.

Moulin de Cathala

Seul moulin construit sur la rive gauche de la Dure, le moulin de Cathala est un moulin farinier à deux meules auquel on accédait par un sentier à travers le bois de Roque Pech. Bien plus tardivement, une passerelle fut construite pour rejoindre le village en empruntant l’ancien chemin de ronde. En 1639, le moulin, sa « païchère » (chaussée, détruite par les dernières inondations), son béal (bief) et son pigeonnier étaient la propriété de Gaspard de Cathala. Le moulin a fonctionné jusqu’à la deuxième guerre mondiale, assurant alors le ravitaillement du maquis de la Montagne Noire. Réaménagé, comme nombre de bâtiments anciens, le moulin propose aujourd’hui un accueil en chambre d’hôtes.

Coopérative–Musée Cérès Franco

Construite par l’architecte Marcel Hérans (de son vrai nom Marcellin Hérans, 1886-1948) qui affirme le style art déco sur sa façade et a construit quatre autres caves coopératives audoises, la Cave coopérative « Les Coteaux montolivains », créée en 1938 à l’initiative des viticulteurs désireux de mutualiser leurs moyens et d’organiser le négoce, comptait 261 adhérents en 1974 pour une production de 14.185 hl de vin. Fermée en 1995 elle a d’abord été transformée en « Cave des Antiquaires » puis en centre d’art contemporain. Elle abrite depuis 2015 la collection de l’illustre critique d’art et galeriste d’origine brésilienne Cérès Franco. Cette prestigieuse collection d’art contemporain et outsider et le bâtiment lui-même ont fait l’objet d’une donation aux collectivités publiques, l’ancienne coopérative viticole est ainsi devenue « La Coopérative – Musée Cérès Franco ».

Le couvent

Devenu Maison de retraite des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul (aujourd’hui également ouverte aux laïques), le monastère a été construit sur les ruines de l’ancienne abbaye qui datait du règne de Charlemagne. Installé sur les riches terres argileuses du confluent de la Dure et de l’Alzeau et du vallon que domine la colline du Petit-Paradis, cet établissement et les communautés qui l’ont successivement occupé ont joué un rôle historique déterminant.

Le Petit Versailles

Le château fut bâti au XVIIe siècle sur la demeure d’un Contrôleur général des Fermes où Colbert serait venu en 1670. Une visite qu’aurait projeté d’y faire Marie-Antoinette lui vaudrait son nom. Le château et son domaine appartinrent à Vincent Ramel, ministre des Finances sous le Directoire, inventeur du franc décimal.

Le poids public

Appelé aussi « la bascule » : un employé assermenté de l’Office des Poids et Mesures actionnait la balance reliée à la plate-forme extérieure sur laquelle étaient déposées les denrées et marchandises à peser. Il ne subsiste de cette installation que l’édicule dans lequel se trouvait la balance.

La croix du Pradel

Cette croix, corps de la devise de Louis XIII, figure sur le bouclier du saint Michel d’un des tableaux de l’église Saint-André. Elle fut dressée et bénie le 4 avril 1723 à l’occasion d’une mission prêchée par les Jésuites.

Œil de bœuf

Deux éléments en forme d’œil de bœuf, vestiges de constructions anciennes, ornés d’un bel ouvrage de ferronnerie cruciforme sont intégrés à des murs de pierre délimitant des jardins, l’un rue du Terrier, l’autre rue de l’Espérou.

L’Envol de Yonel Lebovici

L’œuvre plastique conçue par l’artiste et designer Yonel Lebovici (1937-1998) pour illustrer et célébrer la fondation du Village du Livre est un hymne à la culture et à la liberté. La sculpture L’Envol représente un arbre dont le tronc se transforme en un empilement de livres d’où s’échappent des feuillets sur lesquels est gravé en transparence le texte du poème de Saint-John Perse (1887-1975) : Oiseaux.

La pierre à cupules

Dalle rectangulaire de calcaire luthétien marin portant l’esquisse de croix et une quinzaine de cupules dont cinq reliées à des goulettes. L’origine et la fonction de ce vestige mégalithique, ici pierre de réemploi, restent mystérieux.

Le « ferradou »

Travail à ferrer les bœufs, en usage jusque dans les années 1960. Cette solide structure de bois, complétée d’éléments métalliques auxquels étaient fixées sangles et ventrières permettait de maintenir l’animal pendant le ferrage.

Colline Saint-Roch

La chapelle Saint-Roch et ses abords ont été classés sur l’inventaire des sites pittoresques du département de l’Aude par arrêté du 17 avril 1963.

Il semble que la chapelle ait été construite en 1621 – sur la colline alors appelée Colline des Cèdres – à la suite d’un vœu collectif des Bénédictins de l’abbaye de Montolieu après une épidémie de peste qui avait épargné le village. La légende voudrait que la construction ait été édifiée sur un ancien petit temple romain ou visigoth, et il y aurait une salle souterraine dont l’entrée aurait été dissimulée. La chapelle est une construction modeste de 17m de long sur 8 m de large et 4m de haut que prolonge à l’est le chœur de 4,60 m de profondeur. Le toit de tuiles à deux pentes porte à son extrémité ouest un clocheton dont la cloche annonce encore les offices le dimanche après Pâques, fête d’une ancienne société mutualiste datant de 1848 (Société mutuelle Saint-Roch) et le 16 août fête nominale de saint Roch qui fait l’objet d’une vénération particulière dans toute la région et plus précisément à Montolieu. Mais plus encore que la chapelle elle-même, dont les membres de l’Association des Amis de la Colline assurent l’ouverture aux visiteurs les dimanches d’été, c’est son cadre et l’ensemble du site naturel qui nous intéressent. L’édifice est entouré de somptueux cyprès de Provence à port étalé qui ont reçu en août 2014 le label « arbres remarquables de France », et le promontoire sur lequel repose la construction offre une magnifique vue sur le village, les combes argileuses et les reliefs calcaires qui l’entourent, et de l’autre côté une vue panoramique très vaste sur tout la plaine, et par temps clair, jusqu’à la chaîne des Pyrénées. Une table d’orientation a été installée au sommet de la colline. L’accès à la chapelle se fait à pied par un sentier, dit « Chemin du Pèlerin » et en voiture par un contournement bordé de cyprès et d’un long mur de pierre sèche. Il faut signaler sur la gauche du chemin qui monte du parking situé au bas du village à la chapelle une belle croix de pierre médiévale, oratoire où l’on se rendait en procession jusqu’au milieu du XXe siècle. La boucle de randonnée qui passe par la chapelle permet de découvrir outre les cabanes et les murs de pierre sèche toute un relief et une végétation caractéristiques des paysages méditerranéens.

L’Association des Amis de la Colline a publié un ouvrage qui réunit toutes les informations disponibles sur l’histoire, la géographie, la géologie, la faune et la flore de ce site auquel la population locale est particulièrement attachée.

Église Saint-André

L’église actuelle a été construite sur l’emplacement de « l’église Saint-André de Villa Segarü » (identifiée grâce à un document de l’évêque Gimera (saint Gimer) de Carcassonne daté de 931). La première pierre de l’édifice est posée sur les ruines de cette ancienne chapelle, dans la période la plus noire de la Guerre de Cent Ans, le 2 septembre 1393 (C’est ce qu’atteste l’inscription en caractères gothiques gravée sur une pierre enchâssée à mi-hauteur du chevet : « Anno Domini Mil trois cent quatre vingt-treize le deux septembre, Pierre Bromio, Poncius Cuerra, Martin Barotti, Jacques Longas, jurés de l’église, ont fait édifier le chevet et le Sieur Pierre, prêtre, en a posé la première pierre »). L’édifice orienté à l’est a manifestement une double fonction, religieuse et stratégique qui explique son aspect extrêmement massif et ses dimensions imposantes : 51 m de long, 25,50 m de large, 15,80 m de hauteur de toiture. La nef comporte sept travées d’inégales largeurs, qui suggère une construction en plusieurs étapes. Une huitième travée de forme irrégulière prolongeait l’édifice au couchant ; elle a été supprimée à la fin du XIXe siècle pour permettre l’élargissement du passage de la route départementale. Les chapelles latérales ornées d’arcs ogivaux vers la nef et de fenêtres gothiques décorées de vitraux vers l’extérieur ont été construites au XVe siècle. Avec le bouleversement économique et social que connaît Montolieu au XVIIIe siècle grâce au développement de la fabrication de drap et le développement d’une bourgeoisie pré-industrielle, riche, à la suite de la visite de l’évêque du diocèse qui déplore en 1844 le piteux état du bâtiment, se constitue un Conseil de Fabrique qui gère la rénovation de l’église. De 1745 à 1785, la toiture est refaite, le sol pavé de pierre de Pezens, un nouveau porche est construit, le comblement de l’ancien permettant d’aménager une nouvelle chapelle, des tableaux sont commandés «au peintre le plus connu de la province», en l’occurrence, Rivalz. C’est au XIXe siècle qu’un jeune médecin lègue 4000 francs à l’église pour la construction d’une voûte : un appareil de bois et de plâtre couvre la nef dans le style gothique romantique mis à la mode par Victor Hugo. Deux événements marquants au XXe siècle : le classement de l’édifice Monument historique en 1972, et en même temps les dispositions du concile Vatican II qui entraînent un appauvrissement de la décoration, en particulier la disparition de la table de communion et des grilles des chapelles. La statue de pierre polychrome placée dans une niche qui dominait la nef est transportée près du chœur, elle a fait l’objet depuis d’une restauration, de même que la chaire du XVIIIe siècle, et l’harmonium monumental Rodolphe et Debain du début du XXe siècle. Les bénitiers et les fonds baptismaux situés à l’opposé du chœur sont en marbre de Caunes Minervois. L’ensemble du bâtiment et du mobilier classé font l’objet d’une restauration supervisée par les services des Monuments historiques.